27/03/2024

Oeuvres

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La série « Monsieur de Paris » de Sabine Danzé

L’art, la Beauté, le style, et le transgendérisme… 

  Sabine Danzé est une artiste qui travaille et produit dans un processus créatif dont naissent des séries. Rares, très rares sont les œuvres « isolées ». Parce que la peinture de Sabine est guidée, inspirée par ce qu’elle souhaite nous raconter, partager de sa vision de l’Humain.  Que ce soit issu de vécu, ou de ce qu’elle comprend et ressent de notre société, de notre Histoire Humaine. Histoire dont la narration se fait, se créée, s’enrichit de chacune des œuvres qui composent la série. A l’instar de son trait, à la mine de plomb, dont chacune de ses œuvres naît de la toile blanche, ses séries se construisent à l’impulsion, à l’instinct, tout en dextérité, sans déterminisme sinon la jouissance émotionnelle de peindre, de la matière. Et au fil des œuvres, elle enrichit sa narration avec une volonté : aller toujours plus loin, plus haut dans la puissance de sa peinture et sa capacité à nous faire ressentir ce dont elle dote de peinture.

Le seul dénominateur commun à ses séries, point d’orgue, et donc le sujet central, se résume en un qualificatif : Princier. Au sens de la noblesse, du terme, et de dignité. Être princier, une personne princière, pour Sabine, c’est une personne qui a cette dignité de ne pas vouloir, de na pas avoir besoin non plus de plaire, d’être « au-dessus ». Car elle l’est naturellement, et assume totalement ce qu’elle EST, et ce qu’il se dégage d’elle. Cela va au-delà de la liberté d’être, qui est galvaudée. Il s’agit d’être, fondamentalement et intrinsèquement Princier.

Parmi ces êtres, ces personnes, pas étonnant qu’elle ait eu envie d’aborder le sujet du transgenre… Mais non seulement en avant-garde (car bien avant la médiatisation du phénomène sociétal d’aujourd’hui), mais surtout avec toute la noblesse, l’assurance, leur authenticité (sans intention d’être « tendance ») et le courage dont les transgenres témoignent.

Je vous explique…    

 

 

Pourquoi une série de Sabine Danzé sur le transgendérisme ?

Sabine est une peintre d’avant-garde. Ce qui nécessite une culture et un amour de la culture de l’Art et de son histoire, comme de l’Histoire, ses époques, ses tendances, y compris sociétales. Car c’est ce qui a façonné ce que nous sommes aujourd’hui et aussi guide et construit ce que nous serons demain. De cette passion, de cette culture est née une fascination de l’époque du Baroque telle que décrite par Victor-Lucien Tapié : « Le baroque est en rapport avec une rupture de l’équilibre apparemment réussi par la Renaissance florentine et, dans une autre mesure, par la Renaissance romaine, où les exigences de l’esprit, l’effort vers la connaissance universelle, l’accord des passions de l’homme et des richesses de la nature dans un idéal platonicien de beauté semblaient avoir trouvé leur accomplissement ». Une époque où une élite intellectuelle franchissait les barrières de ce qui était de l’ordre des convenances. Une époque où l’ambiguïté (y compris de genre), la provocation, physique mais aussi verbale, intellectuelle était un art. Et un art totalement assumé, sans être une fin en soi. Être transgressif, décalé, hors-norme n’était pas une intention, mais une conséquence. A l’instar de Sabine Danzé, d’où son amour et son respect pour cette époque… dont le transgendérisme était une des traductions. Le transgendérisme, tel que décrit ci-dessus, a toujours été, a toujours existé, mais pendant très longtemps en mode underground, caché, ou dans un certain milieu artistique seulement. Dissimulé des regards, secret, car redevenu jugé dégradant, politiquement incorrect voire décadent par une autre élite bien-pensante. Milieux artistiques, underground que Sabine a toujours aimé fréquenter, s’en nourrir de la dynamique et effervescence artistiques, et y retrouver toutes les qualités princières du transgendérisme entre autres. C’est donc très naturellement que Sabine a eu envie d’aborder le sujet par son Art pour lui rendre non pas hommage, non, mais ses lettres de noblesses, ce qu’il y a de Princier dans le transgenre. C’est ainsi que la série « Monsieur de Paris » est née.

 

La peinture de Sabine Danzé et le transgendérisme.

Il faut le préciser tout de suite : ne vous attendez pas à du voyeurisme, à de la vulgarité, ou à ce que les médias, réseaux sociaux et influenceurs compris, nous présentent, nous montrent de l’univers transgenre qui est revenu sur le devant de la scène tout récemment, et après que Sabine ait créée cette série… (peintre d’avant-garde je vous ai dit !). Sabine aborde le transgendérisme non sous l’effet de tendance, de mode, ou même de vocation identitaire, mais celui du Beau et de son essence princière et originelle. Être transgenre est un état, pas un effet de mode ou de tendance que l’on revêt – temporairement- parce que cela permet de se créer une identité tendance. C’est un état de l’être. C’est en ce sens qu’elle présente sa démarche de Peintre quant à cette série par cette citation dont chaque mot est mesuré : « L'élégance et la stature iconique, la mixité des genres et des tribus sociales. La beauté ne s'inscrit pas dans le style, à l'Art de traduire toute forme de beauté par le style. Monsieur de Paris » En sont nés ces portraits dans le style de Sabine Danzé dont on reconnaît le trait, le goût pour l’huile mais aussi pour la technique mixte dont elle adore les possibilités, entre encres, laques, glacis, parfois un peu de bombe… Certains faisant clairement référence à cette époque baroque (perruques, costumes, maquillage) d’autres plus intemporels et certains résolument contemporains. Mais tous ont cette Beauté, cette fierté, parfois un air de dédain, mais surtout cette ambivalence et ambiguïté de genre. Tous… Princiers. Où le regard et la bouche, auxquels Sabine porte toujours une attention et une exigence qui la caractérisent, sont subtilement habillés de provocation, d’impertinence élégantes mais totalement assumées.

 

Conclusion

J’ai juste envie de reprendre les mots de Sabine : « La beauté ne s’inscrit pas dans le style. Ma fonction d’artiste, de peintre est de traduire toute forme de beauté par le style ». Et en cela, cette série est Belle de sens, et de ce que défend Sabine par sa peinture : ce que l’Humain a de Beau. Ce n’est pas une question de paraître, mais d’Être. Et pour terminer, remettre son texte descriptif et introductif de cette série : « L'élégance et la stature iconique, la mixité des genres et des tribus sociales. La beauté ne s'inscrit pas dans le style, à l'art de traduire toute forme de beauté par le style. Monsieur de Paris »

   

Article publié par Julien ARBELAITZ