Présentation de Fabienne Peretti

Fabienne fait partie de ces artistes qui se sont mis à créer exclusivement pour leur propre plaisir, puis qui ont franchi la porte de galeries à force d’encouragements de leur entourage... « Ce n’était pas du tout mon but d’entrer en galerie!  J’étais en quête de m’offrir une bulle de respiration et d’évasion totale. Je me suis essayée à plusieurs arts, comme la peinture, avant de découvrir que seule la sculpture me permettait de véritablement tout oublier. J’ai débuté de zéro en 2001 la poterie qui ne m’a plus jamais quittée, et n’ai fait ma première expo que 15 ans plus tard ! ». Ce à quoi elle ajoute « quand on a les mains dans la terre, ça ne pardonne pas, on ne peut pas penser à autre chose ».

Elle a débuté par des cours en atelier collectif et rapidement installe en complément son propre atelier chez elle. La sculpture entre dans sa vie pour ne plus la quitter, malgré ses nombreux déménagements à travers le monde : Guyane, Afrique, Martinique, Canada … Dans chaque nouvelle ville où elle s’installe, elle y cherche un atelier partagé et s’aménage chez elle également un espace de travail individuel. « J’ai besoin et aime l’ambiance des ateliers collectifs pour les rencontres, l’échange de savoir-faire». Elle se souvient de son premier professeur qui pendant plus de 6 mois lui faisait casser toutes ses productions pour en vérifier la qualité et lui inculquant l’exigence de la technique, ou d’une autre, à l’inverse l’invitant au lâcher prise…

Bien entendu, elle a débuté par créer de la vaisselle le temps d’acquérir assez de technique mais ensuite Fabienne Peretti s’est portée sur de la sculpture de personnages. D’abord aux formes généreuses, inspirée de Botero ou de Nicky de Saint Phalle dont elle admire les œuvres, mais aussi des « mama africaines » qui entouraient l’artiste alors. Mais « c’était trop facile. Impression de déjà vu d’abord, donc facile en termes de création. Mais trop facile techniquement aussi. J’avais envie de détails, de finesse ».

C’est ainsi qu’est né « Firmin »… Le tout premier de ses personnages à la silhouette allongée, légèrement voutée, au visage d’un style naïf, proche de la Bande dessinée, au style vestimentaire simple et aux cheveux coiffés version « sauté du lit ». Le premier d’une désormais longue série d’autres, toujours en céramique, ou plus précisément en terre blanche chamottée, et émail ensuite vernis. Ces personnages qu’alors ses proches l’invitent à présenter en galerie, et finissent par arriver à l’en convaincre. Succès immédiat !

Identifiable par son originalité, la « signature » de Fabienne Peretti : le corps, les vêtements, la stature (pour ne pas dire l’allure), les cheveux (même si parfois coiffés d’un chapeau), et puis la palette de couleur de ses émaux et donc la technique comme le style.

Mais aussi indentifiable par ce qui émane d’elles et ce dont Fabienne a doté chacun de ses personnages :  leur caractère très attachant, ce qui m émane d’eux. Une part d’un certain flegme, une vraie simplicité, un peu de « loose » pour reprendre les termes de Fabienne. Aucune n’est ostentatoire, clinquante. Toutes ont cette simplicité d’être. Aucune n’est prétentieuse. Très majoritairement les mains dans les poches, très légèrement voutées, souvent avec un peu de ventre, on les observe comme ces personnages regardent la vie, et j’aurais envie de dire, nous regardent : sans jugement, avec bienveillance et douceur, et de mon point de vue, avec une part d’interrogation. Comme autant de confidents dont la qualité première est, de nous écouter. Pas étonnant qu’on s’y attache !

Des hommes, des femmes, aux tenues variées mais toujours amples (confortables).

Même lorsque, très occasionnellement, Fabienne Peretti les dote d’accessoires discrets faisant référence à une personnalité connue ou en hommage à un artiste peintre (« parce que j’aime la peinture » me dit Fabienne) et leur donne donc une « identité », ses sculptures gardent cette humanité universelle dans le sens où ce sont des « Monsieur et Madame tout le monde ». Fabienne leur donne un prénom, toujours un peu désuet… Firmin, Gontrand, Barnabé, Madeleine ou encore Aglaé. Même « la jeune fille à la perle », que vous reconnaîtrez facilement, s’appelle Lison…