12/12/2023

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Sans filtre #3 - Le prix d’une œuvre d’art, comment ça marche ?

Introduction

Je sais que cet article va faire grincer des dents… Mais dès lors que nous voulons œuvrer dans le sens de l’intérêt des artistes et des acheteurs, nous prônons la transparence ! Y compris sur les prix, et comment ils sont déterminés…

Car c’est une question qui revient souvent et qui fait débat. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu des personnes s’esclaffer devant le prix d’une œuvre en rajoutant « mon enfant de 5 ans fait la même chose » ou «  tout ça pour une œuvre qui a dû demander moins d’une heure à réaliser »… J’avoue que moi-même il m’arrive de rester très dubitatif sur les prix pratiqués par certaines galeries…
Alors il est du devoir, de mon point de vue, d’expliquer « comment ça marche » et potentiellement, de révéler certains pièges et/ou pratiques qui entretiennent les freins à l’achat d’Art...

 

#1 Les prix des œuvres ?

Non, aucune réglementation…

 

En théorie : 

Ou dans les règles de l’Art (permettez-moi le jeu de mots), comment cela marche ou devrait marcher ?

Le prix des œuvres d’un artiste s’évalue (normalement) en fonction de l’offre et de la demande. Un artiste reconnu (et donc demandé) à l’échelle internationale, de grande renommée, va se vendre plus cher qu’un artiste « débutant », aussi talentueux soit ce dernier. D’où l’intérêt d’acheter les œuvres avant que l’artiste soit connu, dans de nombreuses galeries, foires… 

Et normalement, toutes les galeries devraient aussi afficher les mêmes prix, à peut-être plus ou moins 10% près.

C’est donc la « maturité » d’un artiste sur le marché qui doit (devrait) en définir le prix. Un artiste qui expose pour la première fois sera moins cher qu’un artiste qui est représenté dans de nombreuses galeries, et c’est donc en fonction de l’évolution de la notoriété et de la reconnaissance de l’artiste par le marché que les œuvres d’un artiste se valorisent. Ce qui est rare est cher. Et plus il y a de personnes qui veulent cette œuvre rare plus les prix vont monter. C’est donc la reconnaissance du talent de l’artiste par les galeries, et leur travail de promotion de l’artiste qui va faire que l’artiste va gagner en notoriété, va s’internationaliser, rentrer dans des collections privées voire institutionnelles (musées). Et alors voir les prix grimper !

Mais ça, c’est la théorie…

 

En pratique : 

Partons de la réalité…

Les prix pratiqués, sur le marché de l’Art, sont totalement libres, à l’appréciation du vendeur, quel qu’il soit… et il n’y a pas d’obligation de les afficher, sur les sites internet, ou sous l’œuvre en galerie ou en salon. Ils peuvent être « sur demande ». Ce qui n’engage pas à la confiance de prime abord, admettons le…

Plus grave, il est donc possible (et ce n’est pas rare…) que les prix des œuvres d’un même artiste soient différents, voire très différents … selon les vendeurs. Même période, même taille, même technique, d’un site internet à un autre, d’une galerie à une autre, les écarts de prix peuvent être … très importants… Parfois du simple au double selon s’il s’agit d’une galerie de province ou d’une galerie en plein Paris…
Vous pouvez aussi voir un artiste dont les œuvres se vendent en galerie 10.000 euros et en acquérir en vente aux enchères à 3.000 euros, ou l’inverse aussi !!! (Il serait long de vous expliquer pourquoi, mais promis, j’y pense pour un prochain article…).
Vous avez aussi des artistes qui vont se vendre à des prix d’or dès leurs débuts parce qu’ils ont le carnet d’adresse qui va bien … ou parce que ce sont des personnalités publiques et ont déjà un « nom ».
Donc, oui, concernant les prix de vente des œuvres, d’une œuvre d’un artiste, tout est possible… Y compris, vous l’aurez compris, d’en acheter une sur coup de cœur dans une galerie et s’apercevoir qu’on l’a payée plus chère, voire beaucoup plus chère, que dans une autre… ou en ligne.

 

#2 La solution ? Renseignez-vous, menez l’enquête, et comparez ! Merci Internet !

Évaluez la notoriété et la reconnaissance de l’Artiste

Une œuvre vous intéresse ? Commencez par faire quelques recherches sur internet sur la « notoriété » de l’artiste… Tapez le nom de l’artiste et lancez votre moteur de recherche… Le trouvez-vous en vente sur les principales plateformes de vente d’art par Internet ? Sur le site internet de plusieurs galeries, dans combien de pays ? Sur www.artprice.com est il référencé et donc a-t-il été vendu en ventes aux enchères (pour voir les ventes et leurs résultats, ça demande un abonnement payant, désolé) ? Trouvez-vous des articles sur l’artiste écrits par de la presse spécialisée ? Autant d’indices qui vous permettront de savoir si l’artiste est « connu, reconnu »… ou pas. Le prix de ses œuvres devant être normalement « proportionnel » à sa notoriété… Attention, interrogez-vous aussi sur le nombre d’œuvres à la vente aussi ! Un artiste dont on trouve beaucoup d’œuvres en vente est potentiellement un artiste qui « sur-produit » pour alimenter les galeries. Ce qui n’est pas un bon présage en soi…

 

Puis, intéressez-vous aux prix (que vous trouverez, ou non)

La première bonne nouvelle, c’est que la tendance du marché est de plus en plus d’afficher les prix (grâce, ou à cause d’internet, selon les points de vue). Donc, il est de plus en plus facile de se faire une idée des prix de vente « normaux » d’un artiste… Cependant, il faut comparer les prix en fonction de la taille, de la technique (une œuvre originale est plus chère qu’une édition même limitée et signée, et une peinture sur toile est plus chère qu’un dessin sur papier du même artiste), parfois convertir les monnaies… En bref, comparez ce qui est comparable.

Bon, c’est vrai, parfois, plus l’artiste est connu, plus il faut visiter de nombreux sites internet et se doter d’un bon tableur Excel et en maîtriser les formules mathématiques…

 

Ce qui m’amène à la deuxième bonne nouvelle : Wedigart. Cette application mobile (aussi disponible sur le net www.wedigart.com), pour plus de 450.000 artistes à travers le monde, vous montrera en un clic et un seul endroit, toutes les oeuvres d’un artiste actuellement en vente sur internet. Plus besoin d’aller sur chaque site. Mieux ! Par artiste et par medium, Wedigart :

-          calcule l’APRi : le prix moyen constaté donc basé sur les prix affichés en galeries pour une œuvre de 100 x100 cm

-          calcule le delta APRi : les écarts de prix aussi constatés (un delta APRi à zéro indique que tous les prix sont cohérents)

-          vous permet, grâce à une calculatrice, d’évaluer le prix d’une œuvre selon sa dimension, l’APRi étant calculé pour une base 100 x 100cm.

 

Cela vous permettra donc d’évaluer si l’œuvre qui vous intéresse est une bonne affaire, au prix, ou plus chère que la « normale » quant à la valorisation de l’artiste sur le marché.  

Après cela, si vous êtes vraiment dans une logique patrimoniale et animé(e) par l’envie de faire aussi un bon investissement, alors dotez-vous d’un abonnement sur Artprice pour regarder aussi la « cote officielle » de l’artiste et si ses œuvres se revendent bien sur le second marché… Mais c’est encore une autre histoire…

Conclusion

Oui, c’est vrai… c’est compliqué et ça n’est pas très rassurant… Pour autant, la très grande majorité des galeries respectent les règles d’une part, et de l’autre, grâce à internet où les prix s’affichent de plus en plus, et même sur les salons et foires ou même en galerie, la transparence est de plus en plus de mise et les prix tendent à s’harmoniser sur un même artiste.  Donc la probabilité d’acheter une œuvre à un endroit plus cher qu’à un autre diminue.

 

Reste à savoir si la valorisation de l’artiste est à la hauteur de son talent, et de sa notoriété. C’est là que c’est plus compliqué, surtout si vous êtes en quête de faire aussi un investissement. Mais j’en reviendrais toujours au même adage : dans la limite de votre budget, bien entendu, acheter une œuvre est avant tout une question de coup de cœur, voire de coup de foudre. Cela se révèle être un bon investissement ? Ce sera alors « juste » la cerise sur le gâteau de votre plaisir à la contempler chaque jour ! 

À bientôt ! 

 

 

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Article publié par Julien ARBELAITZ